45 000 euros d’amende, trois ans derrière les barreaux. Ce n’est pas un scénario de fiction : voilà ce que risquent les employeurs qui ignorent la loi française sur la discrimination. Apparence physique, âge, orientation sexuelle… autant de barrières invisibles que certains tentent encore d’ériger, à coups de questions biaisées ou de critères déguisés lors des entretiens. Pourtant, la loi ne tremble pas : chaque infraction expose à des sanctions lourdes.Un signalement au Défenseur des droits suffit à déclencher une enquête, inutile d’apporter la preuve parfaite. Les tribunaux, eux, ajustent sans cesse leur regard, prenant acte de nouveaux motifs et de cas inédits. Le terrain évolue, la vigilance ne faiblit pas.
Discrimination à l’embauche : un phénomène encore trop répandu
La discrimination à l’embauche reste ancrée dans le quotidien du travail en France, malgré une législation étoffée. Les études de France Stratégie, les tests menés par A Compétence Égale ou Physiofirm convergent vers un même constat : ce fléau n’a pas disparu, il se manifeste à chaque étape du parcours professionnel. Le recrutement concentre souvent les tensions. Un nom, un accent, une adresse suffisent parfois à fermer la porte d’une procédure de recrutement.
Voici quelques exemples de critères souvent utilisés à tort dans les décisions d’embauche ou de gestion de carrière :
- Apparence physique, origine, âge ou situation de famille : ces facteurs illicites influencent encore trop de choix.
- Le salaire, la promotion ou l’accès à la formation peuvent eux aussi porter la marque de ces biais, qu’ils soient volontaires ou non.
Des milliers de candidats se voient ainsi écartés chaque année, sans explication, simplement parce qu’ils appartiennent à un groupe ou possèdent une caractéristique protégée par la loi. Les grandes entreprises arborent des chartes diversité, mais le terrain rappelle l’écart entre affichage et réalité. Jooble et d’autres plateformes affichent leur volonté de lutter contre ces dérives, mais seule la vigilance et des dispositifs concrets garantissent le respect des règles.
La discrimination ne se limite pas à l’embauche. Elle s’infiltre aussi dans l’évolution de carrière, l’accès à la formation, la rémunération ou la rupture de contrat. Pour avancer, employeurs, services RH, syndicats et associations spécialisées doivent unir leurs efforts. La confiance dans le marché de l’emploi en dépend.
Quels sont les 20 critères essentiels de discrimination à connaître ?
La loi encadre strictement les critères légaux de discrimination. Le code du travail (article L. 1132-1) et le code pénal (article 225-1) en dressent la liste exhaustive. Impossible de s’y soustraire : vingt critères tracent la frontière à ne pas franchir.
Voici la liste complète des critères prohibés par la loi, à connaître pour mieux détecter les situations à risque :
- Origine
- Sexe
- Situation de famille
- Grossesse
- Apparence physique
- Patronyme
- Lieu de résidence
- État de santé
- Handicap
- Caractéristiques génétiques
- Mœurs
- Orientation sexuelle
- Âge
- Opinions politiques
- Activités syndicales ou mutualistes
- Appartenance vraie ou supposée à une ethnie, une nation ou une race
- Religions
- Capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français
- Perte d’autonomie
- Situtation de précarité économique ou domiciliation bancaire
Chaque critère inscrit dans la loi s’appuie sur des situations concrètes reconnues par les tribunaux. Les débats parlementaires et la jurisprudence rappellent l’importance de rester attentif. Du recrutement jusqu’à la promotion, le travail en France est régulièrement passé au crible de ces vingt critères. Professionnels RH, employeurs, institutions publiques et juges examinent chaque situation avec précision, à la recherche du moindre écart.
Focus sur la loi : ce que dit le droit français en matière de discrimination
La réglementation française ne laisse aucune place à l’ambiguïté. La notion de discrimination s’oppose frontalement à celle d’égalité de traitement, sous la surveillance du code du travail et du code pénal. L’article L. 1132-1 interdit toute distinction fondée sur l’un des vingt critères, qu’il s’agisse d’embauche, de carrière, de salaire ou de rupture de contrat. Cette exigence s’applique au secteur privé comme au secteur public.
Le code pénal, à travers ses articles 225-1 et 225-2, prévoit des sanctions contre toute décision qui met une personne en situation d’infériorité pour des raisons liées à son origine, son sexe, ou sa situation familiale. La loi n°2012-954 a par ailleurs élargi le champ des motifs interdits et renforcé la définition des actes discriminatoires.
Le Défenseur des droits, successeur de la Halde, joue un rôle central : il enquête, accompagne les victimes, et diffuse une culture d’égalité. Les entreprises doivent justifier toutes leurs décisions concernant un salarié ou un candidat. Même une règle qui paraît neutre peut être qualifiée de discrimination indirecte si ses effets sont défavorables à une catégorie de personnes. Les juges, qu’ils interviennent aux prud’hommes ou au pénal, sanctionnent les manquements avec fermeté.
Victime ou témoin : les démarches et recours pour agir efficacement
Face à une situation de discrimination, il existe des leviers concrets. Victime ou témoin, commencez par noter tous les éléments utiles : date des faits, propos tenus, décisions prises, documents éventuels. Plus la chronologie est détaillée, plus le dossier gagne en solidité. Même des éléments indirects peuvent faire pencher la balance.
Le Défenseur des droits constitue le point d’entrée le plus accessible. La saisine est gratuite, possible en ligne ou par courrier. L’institution peut ouvrir une enquête, proposer une médiation ou accompagner la victime devant la justice. Pour les litiges liés à l’emploi, le Conseil de prud’hommes reste compétent, que ce soit pour une sanction, un licenciement ou une exclusion lors d’un recrutement. Depuis quelques années, l’action de groupe permet de fédérer plusieurs victimes pour faire reconnaître, réparer ou corriger des pratiques illicites.
Les sanctions varient selon la nature de la faute. Voici les principales conséquences auxquelles s’exposent les auteurs de discrimination :
- Sur le plan civil : versement de dommages et intérêts, annulation de la mesure, réintégration du salarié.
- Au pénal : amende, peine de prison, interdiction d’exercer certaines fonctions, mention au casier judiciaire.
- Sur le plan administratif ou disciplinaire : suspension ou mise sous surveillance judiciaire pour les cas les plus graves.
Se faire accompagner par un avocat ou une association spécialisée permet d’affiner la stratégie, d’éclairer le droit et de structurer la demande. Les lanceurs d’alerte, protégés par la loi, contribuent à révéler les pratiques systémiques. La réparation du préjudice prend plusieurs formes : remboursement des allocations chômage, rétablissement des droits, indemnisation. Chacun avance à son rythme, mais la vigilance ne doit jamais retomber. Face à la discrimination, la loi trace une ligne claire : ne pas la franchir, c’est garantir à chacun sa juste place sur le marché du travail.



































